L'origine de nos phalanges remonte à l'esprit révolutionnaire français : la volonté était aux grands rassemblements populaires solennels servant à intégrer les citoyens dans la nouvelle Nation. Pour impressionner les foules, rien ne vaut de grandes masses orchestrales en extérieur pour marquer les esprits.
Le XIXe siècle est remarquable par son esprit inventif et le développement de multiples manufactures. La fabrication en série d'instruments de musique diminue fortement les coûts et permet au plus grand nombre d'en posséder un.
Reste à choisir entre constituer une harmonie ou une fanfare. La fanfare offre plusieurs avantages : les cuivres sont moins chers que les bois à l'achat et à l'entretien ; ils peuvent assurer à eux seuls l'équilibre orchestral des différentes voix et ont comme caractéristique d'avoir un doigté identique, ce qui permet au musicien de faire " carrière " en passant facilement d'un instrument à l'autre (souvent de l'aigu au grave). Enfin, la fanfare peut être à cheval ! Pour ceux qui en ont les moyens, la palette sonore de l'harmonie est cependant plus riche.
Dans le courant du XIXe siècle, les dirigeants locaux sont confrontés à une augmentation notable de la population. Par volonté de, soit éduquer les masses populaires, soit de leur offrir un dérivatif aux tentations d'une vie dissolue, la musique en groupe offrait certainement une saine occupation.
L'expansion atteint son sommet au début du XXe siècle, où chaque village possédait sa société musicale, si pas plusieurs, portées par l'une ou l'autre tendance philosophique ou politique ou par une grande entreprise. Les échanges étaient très prisés et le chemin de fer permettait de se rendre de l'autre côté de la Belgique pour participer à un festival ou à un concours.
Suite à la seconde guerre mondiale, l'influence des Etats-Unis sur l'Europe va grandissante. A l'imitation de ce qui se passe de l'autre côté de l'Atlantique, des groupes de majorettes se constituent. Avec les cliques de tambours et clairons, la jeunesse est attirée vers les sociétés locales et assure leur pérennité.
Vers l'an 2000, les néo-fanfares privilégient l'animation et connaissent un tel succès que la population assimile l'ensemble de la pratique à celles-ci, ce qui est fort réducteur. De leur côté, les concerts traditionnels essaient de se renouveler en intégrant des procédés techniques (jeux de lumière et projection d'images).